TROISIÈME RÉPUBLIQUE
4 septembre 1870 - 10 juillet 1940

 

Le gouvernement d' Adolphe Thiers
du  16 février 1871 au 31 août 1871

 


Thiers n'est pas président de la république, il a été désigné chef du gouvernement par les membres de ce gouvernement provisoire

Histoire de France contemporaine 1871 - 1913 - Larousse

 

Adolphe Thiers ( 1797 - 1879 ) diplômé de la faculté de droit d'Aix, il arrive à Paris en 1821 avec beaucoup d'ambitions. Il se fait rapidement connaître comme journaliste libéral et historien . Il écrit une "Histoire de la révolution française" en 10 volumes (1823-1827) . En juillet 1830 il prend très tôt position en faveur de Louis Philippe. Il devient un grand notable. Conseiller d'Etat , député d'Aix, membre de l'Académie Française  dés 1833. Il est deux fois ministre de l'intérieur et réprime avec dureté les mouvements insurrectionnels de Paris et de Lyon (1834) .En 1836 et 1840 il est à la fois président du Conseil et ministre des Affaires étrangères  mais sa politique étrangère aventureuse l'amène à donner sa démission. Sans contester le régime il est opposé à la politique de Guizot (1840-1848).Pendant la seconde république il est un des chefs du parti de l'ordre . Rallié pour un temps à LN Bonaparte , il est partisan de l'enseignement confessionnel (catholique) et participe à la loi Falloux. Il soutient la loi qui soustrait du suffrage universel "la vile multitude" (3 millions de citoyens). Arrêté lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851 exilé en Suisse il revient rapidement et se consacre à ses travaux d' historien. Élu député en 1863 il se situe dans l'opposition. Il est un des rares parlementaires à refuser les crédits militaires en 1870. Lorsqu'il devient chef du gouvernement après la défaite de 1870 il a 73 ans

 


Président de l'Assemblée Nationale du 16 février 1871 au 2 avril 1873:
Jules Grévy (Gauche Républicaine)
 

 

Le 17 février Thiers est élu chef du pouvoir exécutif provisoire de la république Française avant qu' il soit statué sur les institutions de la France. Le 19 février Thiers forme son gouvernement . La veille, Jules Grévy avait été élu président de l'assemblée nationale
Affaires étrangères Jules Favre Avocat, Laïc, contre la commune
Instruction publique Jules Simon Professeur. Contre le  coup d'état de Nap3
Intérieur Ernest Picard Avocat, contre la commune
Guerre Adolphe Charles Le Flô Général, contre la répression de la commune
Marine

Louis Pothuau

Amiral,
Justice Jules Dufaure Avocat, Modéré, vice Président du Conseil
Commerce Félix Lambrecht Polytechnicien, Ingénieur des ponts, Centre gauche
Colonies Baron de Larcy  
Finances Auguste Pouyer-Quertier Polytechnicien

A Paris le comité central de la garde nationale refuse de désarmer. Les gardes nationaux manifestent pour commémorer la révolution de février 1848. A la nouvelle de l'entrée imminente des Prussiens dans Paris Ils décident de regrouper l'artillerie située dans le 16ème et le 15ème arrondissement de Paris sur les buttes Montmartre et Chaumont, place des Vosges et place d'Italie. Le 10 mars Clemenceau tentera vainement de les persuader de rendre les canons. Les gardes nationaux renouvellent leur attachement à la république et décident que Paris se constituera en république indépendante si le gouvernement ne vient pas siéger à Paris. Le 5 mars, Jules Ferry qui est préfet de la Seine et maire de Paris demande au gouvernement de siéger dans la capitale

Les préliminaires de paix sont signés le 26 février. Le 1er mars après 6 heures de délibération l'assemblée ratifie par 546 voix pour, 107 contre et 23 abstentions le traité qui nous arrache l'Alsace et une partie de la Lorraine et nous contraint  à verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or ce qui correspond à environ 25% du PIB. Le paiement conditionnera l'évacuation des troupes prussiennes.

L'assemblée revient sur plusieurs décisions qui avaient été prises. Le 1er mars l'Assemblée Nationale confirme la déchéance de la dynastie impériale. Supprime le retrait gratuit des gages déposés au mont de piété, supprime le moratoire des loyers et des effets de commerce (150 000 constats d'huissiers sont effectués en quelques jours) . N'accorde le paiement des gardes nationaux à raison de 1, 5 franc par jour uniquement dans dans le cas où ils n'ont pas d'autre ressource. Elle décide de siéger non plus à Bordeaux mais à Versailles. A Paris le 15 mars, les militants de l'Internationale prennent le contrôle du comité central de la fédération des gardes nationaux ( 16 membres sur 38) et les Blanquistes (3 membres ) prennent le contrôle de l'armée. Le 15 mars, Thiers établit son siège à Paris au ministère des affaires étrangères quai d'Orsay. Le 17 mars, il ordonne la restitution des canons, Blanqui est arrêté.

Le 18 mars quelques canons sont enlevés, mais la plupart des gardes nationaux se range du côté des insurgés. Les généraux Lecomte et Thomas sont arrêtés par les insurgés. Le premier à Montmartre alors qu' il commandait les soldats chargés de récupérer les canons. Il avait ordonné aux soldats de tirer sur la foule menaçante ce qu'ils ont refusé de faire. L' autre reconnu place Pigalle il fût accusé d'avoir participé aux tueries de juin 1848 et pendant leur transfert , rue des Rosiers ils furent jugés sommairement et fusillés. Le ministre de la guerre ordonne à ses troupes d' évacuer Paris. Le soir Paris se hérisse de barricades.

De part et d'autre , l'assemblée à majorité royaliste et les insurgés personne ne veut de conciliation. Une manifestation de Parisiens hostiles à l' insurrection se déroule place Vendôme, ce sont en majorité des Bonapartistes. Des heurts entre manifestants et fédérés font 13 victimes. Des insurrections ont lieu à Marseille, Lyon, Saint Etienne vite réprimées. Bismarck autorise Thiers à porter son armée de 40 000 hommes à 80 000 puis à 100 000 hommes.
Malgré son passé d' Orléaniste, Thiers affirme qu'il ne brisera pas la république et que ce sera au peuple de choisir lorsque tout sera rétabli.

Le 5 avril Début du siège de Paris par les Versaillais . Les troupes sont commandées par le maréchal Mac-Mahon et le blocus alimentaire commence le 25. Les Versaillais progressent vers Paris ils prennent Bagneux le 20, Ivry le 30, Issy le 8 mai, Vanves le 13. Le 21 mai les Versaillais informés de l'absence de défenseurs porte de saint Cloud pénètrent dans Paris vers 18 heures et dans la nuit 50 000 hommes entrent dans Paris. Le 22 mai les Versaillais ont conquis le tiers ouest de Paris, ils bombardent Paris fusillent instantanément les insurgés pris. Les Fédérés pratiquent la terre brûlée, ils incendient les lieux qu'ils doivent abandonner, les Tuileries, le Louvre, le Palais Royal  et fusillent les otages. Le 28 mai tout est terminé, la semaine sanglante s'achève (d'autres viendront avec la répression) la Commune de Paris a vécu. Paris a été dévasté, par les Prussiens, les Versaillais et les insurgés.

On comptera parmi les communards des membres de la première internationale  dont les noms sont restés célèbres: Eugène Varlin (secrétaire de la section française il sera fusillé), Benoit Malon, Paul Brousse, Jules Vallès (écrivain), Louise Michel (Institutrice anarchiste, elle sera déportée), Eugène Pottier (auteur de l' Internationale), Jean-Baptiste Clément ( auteur du Temps des cerises ) Elisée Reclus (géographe), Gustave Courbet (le peintre)

Bilan succinct de la commune:
Les Versaillais ont eu 877 tués et 6 500 blessés. Les fédérés 3 ou 4 000 tués. La répression qui se prolongera jusqu'en 1875 fera fusiller 17 000 insurgés (ou qualifiés comme tel) 43 522 arrestations qui seront dirigés vers Cherbourg , Lorient , Brest, Rochefort, Ré , Oléron pour prendre les chemins de la déportation vers l'Algérie et la Nouvelle Calédonie. 1 200 mourront durant leur transfert.
L'historien anglais Robert Tombs a revu à la baisse ces nombres, il estime les pertes dans les rangs de la Commune entre 6000 et 7500 morts dont environ 1500 fusillés
La répression contre les excès de la commune n'était pas mal vu de la population, la république était naissante et fragile, les républicains avaient peur qu'elle soit compromise . Emile Zola et George Sand  étaient contre la commune. Cela dit, certains ont été particulièrement zélés tel le Général Gallifet qui sera surnommé "le boucher de la commune" et Thiers que Clemenceau décrira comme "le type même du bourgeois cruel et borné"

Bilan succinct de la guerre:
        Coté Allemand:
120 000 morts dont la moitié de maladie
128 000 blessés
300 000 malades
        Coté Français:
139 000 morts
143 000 blessés
320 000 malades.
La variole a sévi durant cette guerre, les deux cotés connaissaient la vaccination mais les Français ne connaissaient pas le rappel aussi il eurent plus de morts parmi les contaminés:
Allemagne: sur 8 500 contaminations 450 décès
France: 125 000 contaminations 23 500 décès.

Pendant ces évènements, les Prussiens se contentèrent de contempler les Français s'entre-tuer. Les pourparlers de paix se tinrent à Bruxelles du 28 mars au 4 mai 1871 sans résultats. Ils reprirent à Franckfort sur le Mein et furent signés le 10 mai 1871. La France perdait avec l'Alsace et la Lorraine 1 447 466 hectares, 1694 communes et 1 597 228 habitants et  devait verser une indemnité de 5 milliards de francs or à l'Allemagne. Les habitants des territoires cédés à l'Allemagne avaient la possibilité de conserver la nationalité française à condition d'en faire la demande avant le 1er octobre 1872

Le 27 juin un emprunt de 2 milliards est lancé, la souscription devant être close le 30 juin. En 6 heures plus de 300 000 souscripteurs achètent pour près 5 milliards de rentes perpétuelles, ce qui sera ramené à 2, 225 milliards et qui porte à 4,5 milliards les emprunts de l'état depuis 1870. La ville de Paris à son tour en septembre lance un emprunt de 350 millions qui sera couvert 15 fois. Ceci montre la richesse de la bourgeoisie française alors que les ouvriers vivent dans une misère noire. Un premier versement de l'indemnité de guerre de 500 millions (sur les 5 milliards) est effectué le 31 juillet , les Allemands évacuent la Normandie

Le 2 juillet des élections législatives partielles ont lieu, sur 111 sièges à pourvoir dans 46 départements (dont 21 dans Paris) les républicains en obtiennent 99. Gambetta est élu dans le Var .

Bien que majoritaires à l'assemblée environ 400 représentants, les royalistes étaient divisés en deux groupes, les Orléanistes et les Légitimistes. Les premiers pouvaient prétendre au trône de France avec le Comte de Paris, Louis Philippe Albert , c'est en sa faveur que Louis Philippe abdiqua, mais qui avait été élevé dans l'amour de la révolution. Les seconds avec le petit fils de Charles 10 le comte de Chambord. Pour cela il aurait fallu un seul prétendant, les Orléanistes auraient accepté la candidature du comte de Chambord mais celui-ci voulait revenir à la monarchie d'avant 89 et ne pouvait accepter le drapeau tricolore. Le drapeau blanc qu' Henri 4 leur avait légué et qui "avait flotté sur son berceau". Le peuple français n'aurait jamais accepté cela et d'ailleurs les Orléanistes non plus tel que le Duc d'Aumale qui avait combattu en Algérie sous son "drapeau chéri" aux trois couleurs.
Les républicains regroupés sous le nom d' Union républicaine  
C'est dans ce contexte que , le 12 août 1871 que  le député de la Corrèze, Charles Rivet fit la proposition de porter Thiers à la Présidence de la république ce qui fut voté le 31 août 1871 par 491 voix contre 94 et qui encrait un peu plus la 3ème République.

Le comte de Chambord

 En Algérie;
Le passage de l'administration militaire à l'administration civil (un des décrets Crémieux du 24/10/1870) satisfait les colons qui trouvaient que les autochtones étaient favorisés par les militaires.
Mac Mahon qui était alors gouverneur général de l'Algérie, avait écrit au gouvernement français que les Kabyles parmi lesquels existait une agitation se tiendront tranquille tant qu'il ne verront pas la possibilité de nous chasser.
 En 1871 devant l'affaiblissement de la France des révoltes éclatent. Des spahis (cavalerie d'autochtones) refusent de venir combattre en France, des tributs se soulèvent. En avril 1871 ce sont 250 tributs qui sont dans la révolte , le tiers de la population algérienne, avec à leur tête le Cheik   El Mokrani qui sera tué le 5/05/1871.
La Kabylie sera soumise en septembre 1871 

 

QUI GOUVERNE CHEZ NOS AMIS ET/OU ENNEMIS

 
AU VATICAN
Pape Pie 9 ( 1846 - 1878 ),
GRANDE-BRETAGNE
Souverain Victoria (1837 - 1901)
Premier Ministre William Ewart Gladstone (1868 - 1874), Benjamin Disraeli (1874 - 1880)
ESPAGNE
Souverain Isabelle 2 ( 1833 - 1870 ), Amédée 1er ( 1870 - 1873)
PORTUGAL
Souverain   Louis 1er le Populaire ( 1861 - 1889 )
ETATS-UNIS D'AMERIQUE
Président Ulysses Simpson Grant (1869 - 1877)
EMPIRE  ALLEMAND
(2ème Reich)
Souverain Guillaume 1er (1861 - 1888)
Chancelier
AUTRICHE
Souverain François Joseph 1er (1848 - 1916 règne exceptionnel de 68 ans )
RUSSIE
Souverain - Tsar Alexandre 2 ( 1855 - 1881 )

 

 

ICI et AILLEURS
               -  Le chimiste russe Mendeleïev publie sa table de classement périodique des éléments. Les cases vides font prévoir la découverte de corps encore inconnus.
             - Zénobe Gramme après avoir conçu le collecteur en 1869, présente en France en 1871 à l'académie des sciences sa dynamo qui permettra de fabriquer du courant électrique continu. Ce sera la première véritable source d'énergie électrique.
             - A Paris Zola publie "la fortune des Rougons" et à Douai Rimbaud écrit "le bateau ivre"

 

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Informations sur la fiche
Numéro 112/145
Numéro - 3ème République 3/19
Dernière révision 24/01/2019