LA DETTE
FRANCAISE
Etat - Entreprises
La dette de
l'Etat:
Montant de la dette française: 3 000 milliards d'euros en 2023
coût de la dette: 52 milliards en 2024 et 70 milliards prévus pour 2027, le
service de la dette est en passe de devenir la principale ligne de dépense (voir
Budget 2024)
Qui est à l'initiative de la dette en France? |
Qui détient les titres de dette émis par l'Etat? |
|
L' Etat
|
80% |
Les
administrations centrales |
2,4% |
Les
administrations locales |
8,1% |
La
Sécurité sociale |
9,5% |
|
Compagnies
d'assurance françaises |
9% |
Etablissement de
crédit français |
8,3% |
OPCVM français |
1,5% |
Autres Français |
27,2% |
Non résidents |
54% |
|
https://www.aft.gouv.fr/fr/principaux-chiffres-dette
Les emprunts d'Etat se font sous la forme d'obligations .
Ce sont des titres
dont la valeur est X € pour une durée limitée de Y années. Durant
ces années ces titres vont rapporter à l'acheteur (le prêteur) un intérêt (
taux fixe ou variable en fonction de l'inflation) et à l'issue de ces Y
années l'emprunteur (l'Etat) rachète le titre à sa valeur X . Bien sûr avant
d'acheter une obligation il est nécessaire de s'assurer de la solidité de
l'émetteur et se dire qu'un l'intérêt proposé élevé signifie que le titre
n'est pas très attractif, plus le risque est grand ( de ne pas être
remboursé) plus l'émetteur
doit proposer un intérêt important.
Les agences de notation: (voir en fin
de fiche)
Ce sont des entreprises privées , les premières existent depuis 1920,
qui vendent leurs études des marchés financiers. Elles sont connues du grand
public par leurs notations des Etats emprunteurs diffusées par les médias.
Tout un chacun a entendu parler des notations de Moody's, Fitch Ratings,
Standar and Poor's pour lesquelles AAA est l'assurance d'un placement
sûr, jusqu'à D société en perdition (voir wikipédia pour plus de détails :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Notation_financi%C3%A8re)
Pour l' Etat, il y a moins de risque à placer ses obligations auprès de
prêteurs français qu'étrangers. Sur les prêteurs français, l' Etat peut
agir, notamment par le biais de la fiscalité, sur les non résidents
pas d'action possible cependant s'ils sont très divers, cela signifie que l'Etat
a une bonne image dans le monde. Le risque serait qu'une quantité importante
de titres soit dans les mains d'une personne ou d'un Etat qui ne nous
veuille pas que du bien. Les titres peuvent se vendre, une quantité
importante de titres mise à la vente entraînerait une chute de leur cours,
les autres prêteurs verraient donc leurs avoirs baissés ce qui ferait
naître une méfiance à l'égard de l'émetteur. Une telle opération rendrait
d'autres émissions difficiles obligeant à augmenter le taux des intérêts et
donc la charge de la dette.
Comme les actions, les obligations s’achètent soit lors de leur émission par
les emprunteurs (marché primaire), soit directement sur les marchés
boursiers (marché secondaire). Il faut dans les deux cas passer un ordre de
bourse via un intermédiaire agréé, qui inscrira ensuite les titres sur votre
compte titres. Des frais sont prélevés pour ce service. Les Obligations
Assimilables du Trésor français (OAT) sont les plus aisées à acquérir par
les particuliers. Il est également possible d’acquérir des obligations en
achetant des parts d’OPCVM (organismes
de placement collectif en valeurs mobilières)
spécialisés ( Les PEA , assurance vie.... sont constitués d''OPCVM).
https://www.lafinancepourtous.com/pratique/placements/obligations/acquerir-des-obligations/
Les organismes de gestion de titres sont tenus à la confidentialité. Les
émetteurs d'obligations ne savent pas, en principe, qui est détenteur des
titres qu'il a émis.
Les entreprises:
En France nous n'avons pas la culture de l'actionnariat, les partis
politiques contribuent largement à cela. Acheter des actions c'est devenir
un capitaliste mais aussi acheter des obligations est plus confortable ,
c'est moins risqué que les actions, c'est plus pépère.
Des
entreprises peuvent avoir des problèmes de capitaux , pour l'achat de
fournitures, entre la conception et la mise en fabrication et la vente
du produit fini, racheter des petites entreprises vitales pour la société
etc ..Il leur faut souvent emprunter. Si l'entreprise réunit les conditions
nécessaires, elle peut emprunter auprès d'une banque, émettre des
obligations ou vendre des actions.
Emprunt
bancaire ou obligations
, ces deux procédés en général n'attirent pas l'attention des médias
cependant l'emprunteur doit verser les intérêts quelles que soient les
circonstances et racheter les obligations à la date fixée à la valeur
nominale ce qui est rigide.
S'il s'agit d'action
surtout pour les grandes sociétés type cac 40, leurs
dividendes (ce que rapportent les actions) sont souvent rendus publiques. Le
dividende a une valeur en tant que telle mais aussi psychologique. Des
dividendes élevés, qui pourraient signifier qu'une entreprise fait des
profits et quelle est solide peuvent causer des troubles. Au
contraire verser de faibles dividendes ne suscitera pas de réaction pourtant
cela peut signifier que l'entreprise rencontre des difficultés, des risques
de diminution des effectifs apparaissent, des retraités voient leur rente
s'amoindrir voir disparaître (courant aux USA)
Les actionnaires possèdent une partie de l'entreprise. Les dividendes
vont conditionner la valeur de l'action à le revente donc en quelque sorte
la valeur de l'entreprise. Le dividende ne doit pas être trop bas et tenir
compte de l'inflation
Si une entreprise
rencontre des difficultés passagères, passer une année sans payer de
dividende ou des dividendes très réduits peut signifier que l'entreprise ne
va pas bien, les actionnaires créateurs ou liés à l'entreprise par les biens
qu'elle fabrique par exemple peuvent l'admettre, mais les investisseurs en
général ne sont pas mariés avec l'entreprise ils vont avoir tendance à se
débarrasser de ces actions qui ne rapportent pas, ils vont vendre, voir
brader leurs actions de peur que l'entreprise ne s'effondre et que les
actions ne valent plus rien, donc la valeur de l'entreprise va diminuer. Des
tas de problèmes peuvent en découler et notamment rachat à bon compte d'une
majorité d'actions donc de l'entreprise par un concurrent par exemple. Le
but dans ce cas peut être divers au mieux la redresser au pire la revendre
par morceaux. A la lueur de ces problèmes on voit qu'il n'est pas aberrant
pour une société qui rencontre des difficultés passagères d'emprunter pour
verser des dividendes .
Des taux d'intérêt négatifs ?
En 2020 et 2021 on a vu l'Etat français emprunter à des taux négatifs ce qui
semble aberrant.
Lorsque l'économie ralentit, le risque est alors d'entrer en déflation, les
possesseurs de capitaux petits ou grands craignant pour l'avenir ont tendance
à épargner, mettre leur argent "de coté" pour pouvoir faire face à des
périodes difficiles. Ce processus diminue la masse monétaire en circulation
et
dissuade les entreprises d'investir pour peu de rentabilité, tous ceci va
contribuer à ralentir le
commerce et entraîner la fermeture d'entreprises, donc créer du chômage.
Les banques commerciales ( celles que nous connaissons) qui vivent de
l'intérêt des sommes qu'elles prêtent, voyant les emprunteurs se raréfier du
fait du ralentissement de l'économie, vont avoir des liquidités qu'elles
peuvent déposer à la banque centrale,(BCE en Europe) et percevoir un intérêt mais si celle-ci propose un intérêt négatif , elles se trouvent dans une
situation difficile. Elles vont devoir payer pour mettre leurs
liquidités à l'abri , elles auraient donc intérêt à réinjecter cet argent
dans l'économie
La BCE, la banque des banques européennes, comme les autres banques
centrales à un rôle important à jouer dans l'économie européenne, elle a un
rôle régulateur. En jouant sur les taux d'intérêt, ( par exemple on entend
les médias annoncer "la BCE augmente d'un quart de point les taux d'intérêt
de 2 à 2,25%" ). Augmenter les taux d'intérêt rend "l'argent plus cher" aux
banques commerciales qui vont de ce fait augmenter le taux des prêts
qu'elles accordent aux entreprises et aux particuliers et ainsi ralentir
l'économie, au contraire diminuer les taux incite à profiter de prêts moins
chers et donc de se lancer dans certains achats ou faire construire sa maison.
Lorsque l'économie se ralentit dangereusement, les particuliers et les
entreprises s 'inquiètent et diffèrent leurs investissements il vont
"placer" leur argent. La réduction de la masse monétaire en circulation va
accroître le ralentissement économique. Le pays peut entrer en déflation. Le
rôle de la BCE est alors de diminuer l'intérêt qu'il y a à placer son argent
et si possible orienter les flux monétaires vers des investissements pour
les entreprises ou des achats pour les particuliers et donc relancer
l'économie
Les taux d’intérêt négatifs sont donc tout à la fois la conséquence d’une
économie au ralenti, où des faibles perspectives de croissance qui pèsent
sur l'investissement. Lorsqu'une banque commerciale place ses liquidités à
la BCE à un taux négatif, elle va perdre de l'argent mais celui-ci est en
sécurité, il sera en sécurité aussi en souscrivant à des emprunts
d'organismes sûrs c'est à dire qu'ils sont l'objet de bonnes appréciations
de la part des agences de notation comme l'Etat français.
https://abc-economie.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/taux-negatifs_08_2022.pdf
La leçon à tirer des Subprimes:
Les agences de notation:
Le rôle des agences de notation est très important, il semble que le travail
de celles-ci soit fait sérieusement surtout depuis le scandale des "Subprimes"
qui a plongé le monde entier dans d'énormes problèmes financiers.
Pour rappel (plus de détails dans les fiches
Subprimes et Subprimes_2) aux Etats Unis,
des prêts (à taux variable) avaient été consentis pour l'achat de maisons
individuelles à des familles qui ne présentaient pas de garanties
suffisantes voir aucune garantie. (les prêts
hypothécaires classiques sont appelés "prime" aux USA).
Le système était très alléchant mais dangereux pour les emprunteurs pas
assez curieux, les premières années taux fixe, possibilité de ne payer que
les intérêts, déductibles des revenus etc...
Le marché immobilier était croissant et l'inflation très faible, en cas de
défaillance de l'emprunteur la revente du bien couvrait le prêt . Les
prêteurs s'en sont donné à coeur joie, d'autant plus qu'ils étaient
contraints par la loi de consacrer une fraction des sommes prêtées au
ménages les moins aisés. Certains ne feront aucune
vérification de solvabilité des emprunteurs. Les sommes que les banques
peuvent consacrer aux prêts sont limitées et dépendent de leurs fonds propres,
ceux ci doivent être au moins égale à 8% des sommes prêtées . Pour
dépasser ces limites elles les ont "vendues" en faisant entrer celles
ci dans des titres constituées de paquets de diverses opérations dont
ces fameux prêts . L'opération fait disparaître non seulement les sommes
prêtées de leur quota mais aussi les risques de non remboursement, les
acheteurs des titres deviennent les prêteurs. Les
banques alors peuvent prêter à nouveau. Le montant de ces titres est passé
de 2 000 milliards de dollars en 2002 à 8 000 milliards en 2006.
Les titres ont donc été créés , les agences de notation ont participé à leur
élaboration. Les prêts immobiliers représentant une fraction de ces
obligations. Les agences ont alors donné une excellente note AAA à ces
titres. Les taux d'intérêt particulièrement substantiels, les banques, les
fonds de placement du monde entier les ont achetés.
Les agences sont payées par ceux qu’elles notent. Ces dernières années, les
notations dans ces opérations (appelées notations de produits structurés)
ont représenté jusqu’à 50 % de leur chiffre d’affaires. Il est important
pour elles de conserver ces clients .
En 2006 le marché immobilier s'est retourné, et le taux d'inflation
aux USA passe rapidement de 1% à 5,5%. La valeur des maisons individuelles baisse et le
taux d'intérêt des prêts augmente. De nombreuses familles ne peuvent plus
faire face aux remboursements qui ont fortement augmenté ( taux d'intérêts
variables). Les banques font saisir les biens concernés et les mettent en
vente contribuant ainsi à la chute des prix des maisons individuelles.
Le changement de situation
trop rapide, le peu d'entrain à mécontenter leurs clients, les agences ont
été trop lentes à réviser leurs
notations. Elles auraient du classer ces obligations dans la catégorie D (pourries).
Les banques du monde entier ont continué à acheter ( bonnes notes bons
rapports)
Aux USA c'est la catastrophe, Les banques font saisir les biens des
emprunteurs en difficulté et les mettent en vente. Il y a tellement de
maisons à vendre , des rues entières, faisant des millions de victimes. Les
titres qui comprennent des prêts immobiliers américains ne valent plus rien.
Des banques s'écroulent, la catastrophe à travers les titres qui ne valent
plus rien se répercute dans le monde entier. De 2007 à 2008 les
dépréciations bancaires se sont élevées à 500 milliards de dollars. Les Etats doivent alors intervenir
pour éviter les faillites bancaires et tout ce qui pourrait s'en suivre.
Le CAC40 qui avait été de 6000 points en juin 2007 tombe à moins de 3000 en
février 2009, on ne compte plus le nombre des entreprises en faillite , le
nombre des licenciements, et le nombre des retraités qui se retrouvent sans
retraite (aux USA, les retraites sont souvent constituées d'actions de
l'entreprise). Les Etats doivent consacrer d'énormes sommes afin de
préserver leur économie, éviter la faillite des banques. La situation ne
redeviendra normale qu'en 2015
Voir le détail et la chronologie de la catastrophe (Subprimes
et Subprimes_2) |