LES VEHICULES ELECTRIQUES

Depuis bien des années nous sommes habitués à voir les engins de levage , de transport de charges  entre autres fonctionner à l'électricité principalement dans des entrepôts ou dans des chantiers. On a même vu ( ou nos ancêtres ont vu) des voitures électriques , la "Jamais contente " de Camille Jenatzy" atteint 66 km/h en 1899. Il faudra bien des années avant qu'on reparle d'électrifier un véhicule, en cause les batteries d'accumulateurs.

Les accumulateurs Plomb-acide de Gaston Planté et Camille Alphonse Faure et l'accumulateur Cadmium Nickel de Waldemar Jungnière de répondent pas aux besoins . Une révolution l'accumulateur Lithium - Ion de Stanley Whittingham, John Bannister Goodenough , Akira Yochino (prix Nobel 2019)  va bouleverser le monde de l'autonomie.
Retrouver son appareil chargé après plusieurs mois d'arrêt ne s'était jamais vu, les utilisateurs d'outillage portatif n'en reviennent pas, l'accumulateur au lithium est un réel progrès. Maintenant on peut parler de voiture électrique d'autant plus que les gouvernements font la chasse au CO2 et notamment au CO2 produit par les moteurs thermiques.
Les constructeurs d'automobile vont créer des modèles fonctionnant entièrement à l'électricité. Aux Etats Unis , Tesla sort sa première voiture en 2008 d'une usine créée spécialement. En France Renault après avoir présenté des "concept car"  en 2005 et en 2009 commercialise sa Zoé en 2012.

La voiture tout électrique:
Ces voitures fonctionnent très bien , mais les batteries sont lourdes et une voiture doit pouvoir transporter des passagers. Il faut donc faire un compromis entre autonomie  et la charge utile, c'est à dire  plus ou moins de batteries . Si la recharge des batteries se fait à l'aide d'électricité décarbonée: centrales nucléaires, éoliennes, panneaux solaires, le gain est intéressant sur le plan de l'émission de CO2.
Pour se faire une idée, début 2024 prix le plus bas chez Tesla 43 000 € , la Renault ZOE 35 000 € l'écart de prix n'est pas considérable , en fait le coût de la voiture est, dans une large mesure, tributaire  du prix des batteries qui sont probablement peu différents d'un constructeur à l'autre.  La masse du véhicule et son potentiel d'accélération déterminent la puissance du système de propulsion et son autonomie (distance parcourue sans recharge) imposent la quantité de batteries nécessaires et donc le prix de la voiture. Le remplacement de la batterie d'une voiture électrique peut varier de 4 500 à 20 000 € mais ces valeurs sont susceptibles de varier rapidement, les usines de fabrication fleurissent de partout, 4 gigafactories sont prévues dans le nord de la France , dont l'une devrait produire des cellules dés la fin 2024.  Toujours pour se faire une idée la garantie constructeur pour les batteries est fréquemment de 8 ans et 160 000 km

La voiture Hybride:
Le problème de l'autonomie est contourné par les voitures hybrides avec un accumulateur au lithium et un moteur thermique mais ce n'est pas entièrement satisfaisant, il y a toujours production de CO2 lorsque le moteur thermique entre en jeu. Les constructeurs vont doser  plus ou moins d'électrique, en ville électrique, sur route thermique ou beaucoup d'électrique et assistance thermique ou ....mais combiner les deux principes va augmenter le coût du véhicule. Si l'autonomie en électrique est faible, il y aura peu de batterie ce qui en réduit le coût
Pour se faire une idée, la Toyota Yaris coûte 27 000 € autonomie en électrique 2 km. L'autonomie des voitures hybrides peut aller jusqu'à 90km

La pile à combustible:
Une autre solution, générer son électricité. Depuis bien des années , en France dans les années 60 on étudiait déjà les piles à combustible, recombiner de l'Hydrogène avec de l'Oxygène pour produire de l'eau et du courant électrique on sait faire. La pile à combustible coûte cher  notamment les électrodes qui sont le siège de la recombinaison. Un catalyseur est nécessaire, le platine, et ça coûte cher. Si la pile utilise  l'oxygène  de l'air, l'hydrogène doit lui être fourni.
L'atome d'hydrogène comporte un proton et un électron, il est très petit le circuit doit être très soigné si on veut éviter les fuites. Si de l'hydrogène se répand dans une atmosphère calme, la moindre étincelle pourra provoquer la recombinaison de l'Hydrogène avec l'Oxygène de l'air brutalement, une explosion , c'est très dangereux. Le stockage de suffisamment d'hydrogène pour une autonomie satisfaisante, sous forme gazeux, doit être fait à plusieurs centaines de bars,  il convient donc de soigner particulièrement le réservoir, un réservoir qui doit résister aux chocs qui va être lourd et très coûteux .

L'hydrogène qui va lui être fourni doit être "fabriqué" soit par électrolyse de l'eau procédé à faible rendement mais propre soit par vaporeformage, procédé le plus courant actuellement à partir du méthane CH4 mais qui produit du CO2. L'hydrogène pose problème pour sa fabrication et son stockage .
Pour se faire une idée: Hyundai produit la NEXO 660 km d'autonomie prix 81 000 €, et
Toyota Mirai à hydrogène à partir de 72 000 €.
Dans l'aviation des essais sont réalisés , l'objectif est zéro émission de CO2 en 2050. En septembre un petit avion a volé en septembre 2023 voir la photo ci contre. Equipé d'un réservoir d' hydrogène liquide par l'Air Liquide et conçu par H2FLY.

Le moteur à hydrogène:
Le moteur à combustion d'hydrogène est un moteur thermique dans lequel l'essence ou le gaz est remplacé par de l'hydrogène. Il est possible que certain véhicules roulent sur des pistes privées à l'abri du regard indiscret des concurrents, mais actuellement (début 2024) pas de commercialisation prévue dans un avenir proche.

Coté aéronautique, en raison de la quantité d'énergie nécessaire pour faire voler un avion de ligne,  il est actuellement impossible d'envisager un stockage de l'hydrogène gazeux. Le stockage devra donc se faire sous forme liquide.

Le problème du réservoir:
Exemple , l'azote:
Nombreux sont ceux qui ont déjà vu manipuler de l'azote liquide à la pression atmosphérique , laboratoires de physique, service médicaux ...A la pression atmosphérique normale (1bar) l'azote liquide est à -196 °C, contenue dans un vase de Dewar (bouteille thermo), elle bout pour se maintenir à cette température. Le vase évite un grand apport de chaleur de l'extérieur mais l'isolation n'est jamais parfaite et il faut que des orifices soient faits pour permettre l'utilisation de l'azote il y a donc un apport de chaleur même s'il est faible. On sait que pour transformer un liquide en gaz on doit lui fournir de la chaleur (faire bouillir de l'eau), l'apport de chaleur va provoquer l'ébullition de l'azote qui, en  bouillant,va dissiper   la chaleur due à l'isolation imparfaite.
Après un long stockage l'azote se sera évaporé complètement. Si on obture l'orifice d'évacuation du gaz produit par l'ébullition la pression dans le réservoir va augmenter jusqu'à ce qu'il cède, l'azote liquide va brutalement se trouver dans un milieu où il est naturellement gazeux , le changement d'état sera brutal .

l'hydrogène:
Le stockage de l'hydrogène liquide est plus critique que l'azote mais le principe est le même. L'hydrogène liquide à la pression atmosphérique normale (1 bar ou 104 pascals) bout à 20K (-253 °C) il est alors nécessaire de le contenir dans un récipient très isolant afin d'éviter des entrées de chaleur importantes. Cependant, bien que faible, il y aura toujours une entrée de chaleur, du liquide doit alors s'évaporer pour consommer cette entrée calorifique. Le stockage doit donc permettre au gaz généré lors de l'ébullition de s'échapper afin d'éviter une surpression dramatique. Il s'ajoute à cela le danger que peut présenter une quantité importante de gaz hydrogène dans l'air,  la combinaison de l'hydrogène et de l'oxygène produit une énergie importante 141 Mégajoules par kilogramme , 3 fois plus que le gaz butane.

Le diagramme ci contre montre qu'au delà du point critique , 33 K et 13 bars l'hydrogène ne peut plus être liquide c'est à dire que si on remplit un réservoir avec de l'hydrogène liquide à la pression atmosphérique et à la température de 20K, les entrées calorifiques vont  réchauffer  l'hydrogène , le fluide va parcourir la courbe en direction du point critique, pour éviter de l'atteindre  il sera alors nécessaire de permettre une évaporation,  ouverture d'une vanne par exemple, qui fera baisser la pression et l'évaporation du liquide provoquera une baisse de sa température , la vanne pourra alors se refermer.

 Un petit calcul pour se faire une idée:
    Chaleur de vaporisation de l'hydrogène : 454,3 KJ/kg c'est à dire qu'il faut fournir 454,3 kilojoules pour vaporiser 1 kg
d'hydrogène
    Chaleur spécifique de l'hydrogène: 10kJ /kg.K
c'est à dire qu'il faut fournir 10 kJ pour augmenter ou abaisser la température de 1kg d'hydrogène de 1K

Supposons que la température d'un kilo d'hydrogène ait augmenté de 1K il va être nécessaire d'évaporer 10/454 (soit 10/500) = 0,02 kg d'hydrogène. C'est à dire qu'il faut évaporer 20g d'hydrogène pour abaisser la température d'un kilo d'hydrogène de 1 Kelvin.

En aéronautique:
L'image de droite montre un petit avion réalisé par la société H2Fly propulsé à l'aide d'un moteur électrique alimenté par une pile à combustible à hydrogène. La société donne peu d'information technique . Il vole.

De son coté Airbus travaille sur les deux modes : pile à combustible à hydrogène et moteur électrique, et moteur à combustion d'Hydrogène . Des avions démonstrateurs devraient voler en 2026 en vue de transporter des passagers en 2030.
Actuellement Safran et General Electrique (GE) travaillent sur la partie moteur et Airbus et Ariane Groupe sur le comportement d'un moteur à combustion d'hydrogène en aéronautique.
Le transport par avion à hydrogène ne repose pas seulement sur l'avion mais aussi sur les infrastructures. Notamment l'  adaptation des aéroports

Fiche réalisée le 26/02/2024

Document N° 183