L'EUROPE MEDIEVALE France et Allemagne (962 - 1032)
En 962, l’Allemagne prend un nouveau départ avec la fondation du Saint Empire
romain germanique qui marque la renaissance de l’empire d’Occident. L’art et
l’économie sont florissants, et la vitalité de l’empire favorise la naissance de
nouveaux royaumes en même temps que leur christianisation (en Scandinavie,
Croatie, Pologne, Hongrie…). La France connaît également un nouveau départ en
987 avec l’avènement des Capétiens, mais c’est beaucoup plus laborieux : en
pratique, les marges du royaume en profitent pour acquérir une indépendance de
facto. Il faudra plusieurs siècles avant que le roi de France ne retrouve son
autorité sur tout le territoire.
Premiers royaumes scandinaves (872-1047)
Le rayonnement du Saint
Empire romain germanique accélère
la christianisation de la Scandinavie.
Cela favorise l’édification de royaumes durables au Danemark, en Norvège et en Suède.
C’est le Danemark qui se montre le plus vigoureux : il renforce son influence
sur l’Angleterre et sur la Norvège jusqu’à donner naissance à un véritable
empire danois sous le règne de Knut le Grand. La charnière des Xe et XIe siècles
voit également les débuts de la colonisation du Groenland depuis l’Islande et la
découverte de l’Amérique par les Norvégiens. Cet apogée de la Scandinavie
coïncide avec l’optimum climatique du Moyen Age : les températures atteignent
alors des valeurs qu’on ne retrouvera plus avant l’époque moderne.
Hongrie et Croatie au berceau (925-1115)
Au Xe siècle, les raids récurrents des Magyars païens (Hongrois) conduisent
à unifier la résistance des Croates sous la forme d’un royaume chrétien qui
obtient la reconnaissance du pape. Les Hongrois finissent par se stabiliser
vers la fin du siècle : ils se convertissent à leur tour au christianisme
d’Occident et fondent un puissant royaume. Le XIe siècle est marqué par la
rivalité entre les Croates et les Serbes, ces derniers ayant repris une
certaine autonomie vis-à-vis de l’empire byzantin. Les territoires de
l’actuelle Bosnie finissent par basculer dans le giron de la Serbie.
Cet
affaiblissement de la Croatie profite surtout au roi de Hongrie qui s’en
empare en totalité en 1102 : c’est le début d’une union personnelle qui
durera plus de 4 siècles. La Serbie ne s’en sort pas beaucoup mieux
puisqu’elle retombe peu après dans le giron byzantin : tandis que s’achève
ce premier apogée serbo-croate, la Hongrie s’impose durablement comme la
première puissance d’Europe Centrale.
La naissance de la Pologne (955-1138)
En 955, les Tchèques (Bohême) et les Allemands (Francie Orientale) joignent
leurs forces pour mettre un terme aux raids des Hongrois. Cela permet au
duché de Bohême de reconstituer l’ancienne puissance de la Grande Moravie.
Les
Tchèques sont très vite confrontés à l’expansion des Polonais qui édifient
un  état
puissant à partir de 960. La Bohême est en passe d’être submergée et ne
doit son salut qu’à l’intervention des Allemands. A partir de 1003, ce duché
devient une simple composante du Saint Empire.
Les
Tchèques prennent leur revanche contre les Polonais en 1038 : la Pologne est
ravagée de fond en comble et n’est sauvée que par l’intervention de
l’empereur, attentif à l’équilibre des puissances. Cela permet à la Pologne
de connaître une dernière période d’éclat avant de se fragmenter en 1138.
L’âge d’or des Normands (1029–1087)
Au XIe siècle, le duché de Normandie connaît une vitalité exceptionnelle
couplée à des guerres incessantes entre seigneurs. Sous le règne du duc
Guillaume, futur le Conquérant, cette région est la première à se
couvrir de châteaux forts.
Les
Normands deviennent des mercenaires très demandés, notamment dans le sud de
l’Italie qui reste déchirée entre les Lombards, les Byzantins, et le Saint
Empire. Le Normand Robert Guiscard s’y montre tellement efficace qu’un
véritable état normand y voit le jour, qui s’agrandit très vite vers la
Sicile.
En parallèle, Guillaume le Conquérant vient réclamer le trône d’Angleterre
après la mort d’Edouard le Confesseur. En 1066, il remporte la bataille
d’Hastings qui lui ouvre les portes du royaume. La dynastie normande
marque le début de l’Angleterre « moderne ».
L’irruption des Turcs (1055–1092)
Depuis l’expansion des Gökturks à la fin du VIe siècle, l’Europe orientale
voit l’afflux régulier de peuples turcs aux traditions nomades : ce fut
d’abord le cas des Khazars,
puis des Petchenègues, et enfin des Coumans. A la fin du XIe siècle, ceux-ci
provoquent la fragmentation de la Rus’ de Kiev en de nombreuses principautés
indépendantes : le retrait de la Russie va durer près de 4 siècles.
Pendant ce temps-là, d’autres Turcs d’Asie centrale se font islamiser au
contact de l’Iran : menés par la dynastie seldjoukide, ils enchaînent les
conquêtes et entrent dans Bagdad en 1055 où ils se font reconnaître par le
calife abbasside. C’est le début du sultanat seldjoukide. Celui-ci remporte
une victoire décisive contre les Byzantins en 1071 à la bataille de
Mantzikert qui leur permet de conquérir une bonne part de l’Anatolie. Cette
date marque à la fois le point de départ de la Turquie et le début du déclin
de l’empire byzantin
L’Espagne des Omeyyades aux Almoravides (977–1139)
À la fin du Xe siècle, le califat
omeyyade domine encore la majeure partie de l’Espagne, et les royaumes
chrétiens restent cantonnés dans le nord de la péninsule. La situation finit
pourtant par s’inverser au cours du XIe siècle : le califat de Cordoue se
fragmente en de nombreux états musulmans appelés les taïfas. Couplé à la
nouvelle vigueur de l’Eglise d’Occident, ça permet aux royaumes chrétiens de
regagner du terrain. C’est le royaume de Castille et León qui se montre le
plus vigoureux : l’apothéose survient en 1085 lorsqu’il s’empare de Tolède.
L’expansion chrétienne marque le pas du fait de l’arrivée des Almoravides,
qui ont fondé un véritable empire berbère centré sur le Maroc. L’Aragon,
issu d’une scission de la Navarre, réalise alors un exploit en s’emparant de
Saragosse en 1118. Sa puissance augmente encore lorsque le comte de
Barcelone hérite du trône : dorénavant, la Catalogne constituera le nouveau
cœur du royaume d’Aragon.
Enfin en 1139, le comte du Portugal, auréolé de ses exploits contre les
Sarrasins, arrache son indépendance vis-à-vis de la Castille et León.
L’Espagne chrétienne vient de se structurer durablement en 4 royaumes : le
Portugal, la Castille et León, la Navarre et l’Aragon. Tout est en place
pour la phase décisive de la .
Textes de
Vincent Boqueho https://www.herodote.net/Nouveau_depart-synthese-2922-556.php
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